15 Décembre 2018
Bonsoir,
Voici un petit texte écrit ce soir sur mon téléphone.
Il vous racontera ce que je perçois quand je croise certaines personnes.
J'ai mis des mots sur certains maux, pas bien rigolos.
Mais je les crois utiles.
Dans ton miroir
tous les soirs
une sorte de cafard
rend insidieusement ton teint blafard
Tu ôtes machinalement
ta carapace de battant
et en t'endormant
tu espères sincèrement
oublier tes questionnements.
Enfant, pourtant,
tes rêves étaient grands :
tu aimais la nature, les animaux...
mais peu à peu, à pas de géant,
tu as foncé pour aller plus haut.
Tu as tellement travaillé
pour y arriver !
La consommation comme moteur
tu as appris à ignorer tes peurs
et à gagner toujours plus pour avancer.
Un jour, tu as même fait des enfants.
Pas eu beaucoup de temps
pour les étayer
mais tu as essayé.
Ils ont grandi
dans ton petit nid
où tout est neuf
Et plein comme un œuf.
Tous les samedis
avec ton caddie
Tu attrapes vite
armé de ta carte à crédits
de quoi vous maintenir en vie.
Ta boîte à lettres regorge de publicités
tu dois souvent calculer
tu passes du temps à les étudier
car il faut arriver à boucler
le mois qui n'en finit pas de terminer
Paradoxal que tes journées
passent si vite
Et même toutes ces années...
Alors que la fin du mois
avant d'être enfin payé
semble toujours s'éloigner...
Épuisé,
tu passes la majeure partie de ton temps à travailler
parce qu'il faut toujours plus gagner
pour à nouveau consommer.
Plus de temps pour réparer
ce qui s'est cassé
de toute façon ça n'aurait pas marché
pas la peine de te fatiguer
il vaut mieux jeter
et racheter.
Peu à peu tu t'y es habitué
et même franchement bien amusé
acheter était devenu un loisir
et puis "on bosse, faut se faire plaisir !
On l'a mérité."
Tu as parfois un peu culpabilisé
quand on te montrait des photos d'enfants faméliques
là-bas en Afrique
ou d'esclaves Pakistanais
dont les usines pourries s'effondraient.
Mais tu as appris à te dire c'est ainsi
j'ai ma vie
c'est loin d'ici
j'y peux rien
si le monde n'est pas bien.
C'est la faute au système
toute cette haine.
Et moi j'ai pas le temps
de me battre pour tous ces gens
tu vois,
tous les ans j'envoie
un chèque à une ONG
qui va s'en occuper.
"Il faut laisser ces soucis
à ceux que le peuple a choisi."
Tes enfants ont grandi
dans ce moelleux paradis
où tout était permis.
Tu voulais pour eux le meilleur
et croyant faire leur bonheur
ils ont eu tout, souvent avant l'heure.
Trop gâtés,
ils ont appris à gaspiller
leurs centaines de jouets...
à bouffer au lieu de manger
à casser
à jeter
à polluer.
Et là ils sont juste blasés.
Devenus des enfants rois
ils font même la loi
parfois à ton détriment
de plus en plus souvent...
malheureusement.
Et comme tu as oublié
de leur enseigner
la solidarité
même quand tu es épuisé
ils ne voient pas pourquoi ils devraient t'aider.
Et pourtant
tu ne l'avais pas cherché
tu voulais juste les combler
leur montrer combien
tu les aimais.
Ce soir,
dans ton miroir,
craquelé,
le masque vient de tomber.
Tu as réalisé.
Ça ne peut plus continuer.
Tu es complètement épuisé.
Tu en as trop avalé
Ton corps est fatigué
tout boursouflé
ratatiné
desséché
déréglé.
Prêt à exploser.
Et pourtant
quand tu regardes tous ces gens
qui se révoltent pour exister
tu voudrais les voir arrêter.
"Ce sont des agités,
des inconscients,
faut qu'ils arrêtent de faire les cons
où va-ton ? "
Ce soir,
dans ton miroir,
tu n'as même plus la force
de penser
que peut-être tu t'es trompé
Tu as dépensé
toute ton énergie
ça n'est pas possible aujourd'hui
de remettre en question toute ta vie
Alors pour ignorer l'enfant
endormi au fond de toi
tu t'enfuis dans les livres
dans les séries
dans les sorties
dans les rêves préfabriqués
qui te permettent d'avancer
et te font tout oublier.
Une ou deux addictions
te distillent leur poison.
Tu fais comme tu peux..
Toujours au mieux...
Mais dans ton miroir
je sais bien qu'un soir
au fond de tes yeux
cernés de noir
venue du fond de ta mémoire
viendra une lueur d'espoir
pour écrire une jolie suite à ton histoire.
Qui es-tu devenu ?
Où vas-tu ?
Rien n'est jamais perdu.
©Hélène SF.
Merci de m'avoir suivie...
Faites-vous une jolie vie.
(Trop contente : premier article fait sans allumer du tout l'ordinateur ! Work in progres. 😁)