29 Mars 2015
Bonjour,
Il y a tout juste cent ans, à une époque déjà si lontaine et pourtant encore si proche, alors que les lois sur l'avortement et la contraception n'avaient encore pas vu le jour, à l'époque où la femme était encore esclave de son corps, de la nature et des intempéries de la vie, bien plus qu'aujourd'hui, nombreux étaient les enfants "trouvés".
A cette époque, il y avait bien moins de parents adoptifs disponibles et la société toute entière avait une autre façon de considérer l'enfant. Françoise Dolto n'avait pas encore écrit que l'enfant est une personne.
Beaucoup d'enfants abandonnés étaient alors placés dans des fermes, comme main d'oeuvre peu coûteuse. Voici l'histoire de l'un d'entre eux que je partage ici, pour que jamais on oublie, que pour être fort, un arbre a besoin de ses racines.
Papé
On t'avait déposé dans un panier
tout bébé.
Ton seul cadeau n'était pas gros:
deux mots.
Un nom un prénom, ou était-ce deux noms ?
De ton enfance,
on n'a jamais su rien d'autre
que cette triste histoire
d'un petit garçon qui, un soir de Noël,
avait trouvé dans ses sabots,
juste un oignon comme cadeau.
Méchante blague des enfants
de la ferme où on t'avait placé
dès 7 ans...
Car non contents de t'exploiter,
ils avaient aussi volé
le cadeau de l'orphelinat de Montpellier.
Quand à 20 ans enfin délivré
de ce véritable esclavage,
tu as osé aller leur demander
d'où tu venais,
ils ont seulement répondu
que cela...
ne te regardait pas.
Voilà,
Ça, c'était la DASS.
Papé,
tu n'as plus jamais rien su.
Comment ont-ils pu ?
Quand, bien des années plus tard,
tu t'es mis à nous vouvoyer,
toute ta colère enfouie
est ressortie.
Et quand tu es enfin parti,
tu étais à nouveau devenu
orphelin de ta propre vie.
© Hélène SF
L'illustration de ce texte est tirée de ma série de photos que vous pouvez voir ici:
http://helenesf.over-blog.com/2015/03/balade-printaniere-entre-ciel-et-mer-pres-du-cap-negre.html